ADÈS, Albert (1893−1921), romancier égyptien de langue française et qui a passé en France ses dernières années, près de Triel-sur-Seine, où vivait alors Mirbeau. Avec son compatriote Albert Josipovici, il a publié, en 1914, Les Inquiets et, en 1919, un roman, Goha le simple, dont le manuscrit avait enthousiasmé Mirbeau, peu de temps avant sa mort et qu’il a accepté de préfacer. Seul il a publié Le Roi tout nu. Il travaillait à une étude comparée de Mirbeau, Maeterlinck et Bergson, La Pyramide, quand la mort l’a surpris. Sa fille a publié en 1949 ses notes manuscrites, sous le titre Adès chez Bergson.
Adès n’a connu Mirbeau qu’à un moment où il était vieux, malade, revenu de tout, « supplicié » par la guerre, dégoûté par l’indécrottable stupidité des hommes, et hors d’état d’écrire (c’est en réalité Francis Jourdain qui, sur ses indications, a rédigé la préface de Goha). Il lui a consacré plusieurs émouvants articles de témoignages, où il a rapporté nombre de ses propos rétrospectifs sur son œuvre. Mais si Mirbeau est critique envers lui-même, Adès, lui, est plein d’admiration pour une œuvre de salubrité sociale, dont la colère est alimentée à la même source que « les malédictions des prophètes », et pour un homme qui, malgré ses déceptions et ses écœurements, continue de vibrer de « l’amour de l’humanité ». Quant à Mirbeau, après avoir apprécié la vive intelligence d’Adès et de son ami Josipovici, il a vu en Goha, dont ils lui ont apporté le manuscrit, une « œuvre de génie », qui lui a enfin permis de véritablement comprendre l’Orient et qui, pour lui, est « de la vie », et non de la simple littérature.
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