L’abbé Jules (1888)

L’Abbé Jules est un roman d’Octave Mir­beau, pub­lié chez Char­p­en­tier le 13 mars 1888, après une prépub­li­ca­tion en feuil­leton dans le Gil Blas.

Évo­ca­tion d’un prêtre « damné », en révolte con­tre son Église et con­tre une société étouf­fante et oppres­sive, per­pétuelle­ment déchiré entre les besoins de sa chair et ses « pos­tu­la­tions » vers le ciel. Mir­beau a choisi pour cadre un petit vil­lage du Perche, où cha­cun vit sous le regard de tous et où les exi­gences du corps et celles de l’e­sprit sont lam­en­ta­ble­ment com­primées.
Pour imag­in­er son inou­bli­able abbé Jules, le romanci­er s’est sou­venu d’un de ses oncles, Louis-Amable Mir­beau, prêtre libre. Mais il a don­né beau­coup de lui-même à son per­son­nage : Jules doit à Octave nom­bre de ses car­ac­tères dom­i­nants : ses emballe­ments, ses déchire­ments, sa pas­sion des livres, son amour de la nature, ses alter­nances d’ex­al­ta­tion et de dépres­sion, sa vio­lence ver­bale, son goût de la mys­ti­fi­ca­tion, ses exi­gences de l’ab­solu. Il lui doit aus­si la qua­si total­ité des idées qu’il exprime ; sa con­cep­tion trag­ique de la con­di­tion humaine et sa révolte méta­physique ; sa morale d’in­spi­ra­tion natur­iste et rousseauiste; et sa révolte lib­er­taire con­tre toutes les struc­tures sociales oppres­sives, muti­lantes et alié­nantes. Mais le romanci­er se garde bien de faire de son per­son­nage le sim­ple porte-parole de thès­es pré établies, et il n’hésite pas à lui prêter des actions mépris­ables et viles.

Extrait : « Et la malle s’al­luma, glis­sant, s’af­fais­sant dans le brasi­er. Les côtés, ver­moulus et très vieux, s’é­cartèrent, s’ou­vrirent brusque­ment, un flot de papiers, de gravures étranges, de dessins mon­strueux s’échap­pèrent, et nous vîmes, tor­dus par la flamme, d’énormes croupes de femmes, des images phalliques, des nudités prodigieuses, des seins, des ven­tres, des jambes en l’air, des cuiss­es enlacées, tout un fouil­lis de corps emmêlés, de ruts sataniques, de pédérasties extrav­a­gantes, auquels le feu, qui les recro­quevil­lait, don­nait des mou­ve­ments extra­or­di­naires ».

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L’abbé Jules

Sébastien Roch (1890)

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Dans ce troisième roman signé de son nom, Mir­beau trans­gresse un tabou majeur : celui du viol d’adolescents par des prêtres, sujet dont on n’a com­mencé à par­ler qu’un siè­cle après sa publication.

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